Semaine inoubliable à New York…

Cela faisait un bon moment que je n’avais pas rédigé d’article sur le blog…

Mais, cette fois, je ne pouvais me résoudre à ne pas partager ma formidable aventure new yorkaise! Premier titre international individuel! Je vais vous jouer le classique « c’est pour vivre ces moments-là que l’on s’entraine » mais bon…Waouh! Quel bonheur!!!

Avant toute chose, je souhaiterais adresser un énorme merci à tous ceux qui m’ont soutenu pendant la compétition mais également depuis toutes ces années.

Un grand merci à mes sponsors Longoni et Gabriels qui ont cru en moi, y compris dans la période plus délicate sportivement durant laquelle je m’étais beaucoup investi à l’INSEP pour travailler à ma reconversion (ou plutôt réorientation).

Merci également à la DTN et plus généralement à la FFB, souvent raillée mais qui fait ce qu’elle peut avec les moyens dont elle dispose, qui m’apporte son soutien et avec laquelle j’ai plaisir à travailler à la mise en place d’actions en faveur de notre future élite.

Je souhaite aussi remercier ceux qui m’ont permis d’aller disputer le Verhoeven Open de New York et sans lesquels je n’aurais donc pas encore pu glaner une première victoire en tournoi international.

Enfin, vous savez que je me fais très discret quant à ma vie personnelle mais l’occasion m’est ici donnée de remercier du fond du coeur ma famille et plus particulièrement ma femme qui me soutient depuis le début et qui endure les vicissitudes de la vie de sportif de haut niveau avec ses joies et ses peines… Sans oublier ma petite Chloé, ma première supportrice! 🙂 Et clin d’oeil amusant du destin: j’ai réalisé le point de la victoire finale quasiment à la minute près à laquelle Chloé est née 5 ans plus tôt!!!

J’avais déjà joué une fois le tournoi de New York. C’était en 2008. Le tournoi s’appelait alors le Sang Lee International Open. J’en avais gardé un excellent souvenir mais il avait surtout marqué un tournant dans ma carrière, dans ma progression. A l’époque, le format était différent: après les phases de poules, les 8 meilleurs se retrouvaient dans le « Tableau A » et les autres qualifiés dans le « Tableau B ». Je n’étais pas parvenu à intégrer le tableau A mais avais atteint la finale du tableau B. Finale perdue d’un point contre le coréen Jung Han Heo.

Cette année, j’avais donc pour objectif de lancer ma saison en participant au tournoi, avec comme objectif principal d’y disputer un maximum de matchs. J’ai été servi! 😉

1ère phase: 15 poules de 7 en matchs de 25 points;
2ème phase: 5 poules de 8 en matchs de 35 points;
3ème phase: 1/8, 1/4, 1/2 et finale en matchs de 40 points.

En 1ère phase, les deux premiers chaque poule ainsi que les deux meilleurs troisièmes étaient qualifiés pour la deuxième phase, rejoignant ainsi les 5 joueurs invités (Torbjorn Blomdahl, Frédéric Caudron, Eddy Merckx, Dick Jaspers et le légendaire Raymond Ceulemans). A noter que pour le classement, la moyenne générale n’intervient en aucun cas! Seule la victoire compte! (interviennent également le face-à-face direct et les points « encaissés »). Les 3 places restantes (pour totaliser 40 joueurs) étant attribuées par ce qui constitue la spécificité de ce tournoi, à savoir les enchères (2 places) et la tombola (ticket à 40$)!

Moment formidable à vivre! Il faut voir l’énergie qui est mise en amont par Michael Kang, le propriétaire de la salle et co-organisateur (avec Charles Brown) afin de vendre les tickets et motiver les enchérisseurs!!!

Pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez revoir la 1ère séquence d’enchères sur ma page Facebook puisque je l’avais diffusée en direct.

Je n’ai pas vraiment connu de difficultés en 1ère phase, malgré la distance courte de 25 points, et y ai remporté tous mes matchs.

Commence alors le mercredi après-midi (3ème jour de tournoi) la deuxième phase à l’issue de laquelle les 3 premiers de chaque poule, ainsi que le meilleur 4ème, seront qualifiés pour les 1/8.

Je me retrouve alors dans un groupe avec Semih Sayginer, Hugo Patino et Eddy Merckx pour les favoris mais également avec deux danois et surtout un vietnamien, Ahn Chien Nguyen, et un jeune coréen dont nous entendrons probablement parler ces prochaines années, Jun Tae Kim (vice-champion du monde U21 en 2015).

Après avoir battu les danois et perdu contre Hugo Patino, les victoires consécutives contre Semih Sayginer puis Eddy Merckx m’assurent la qualification avant même le dernier tour de jeu du vendredi soir face au vietnamien. Bien m’en a pris puisque je tirais un peu la langue en cette fin de journée et me suis incliné dans ce dernier match de poule!

Me voilà donc en 1/8 avec 4 matchs assurés à jouer puisque se disputent des matchs de classement. Quoiqu’il arrive, j’aurai donc joué 17 parties!!! Contrat rempli…mais pourquoi pas viser mieux…

Pour commencer, une partie au couteau contre le vietnamien Tran Quiet Chen (40-29 en 28) à la fin de laquelle j’ai commencé à avoir un peu plus de sensations (par rapport au rendement de la table) et de fluidité dans le bras. En effet, depuis le début du tournoi, j’éprouvais de grandes difficultés à comprendre les tables dont on ne peut pas dire qu’elles « allongeaient » mais dont les bandes lâchaient beaucoup, comme si elles étaient « fatiguées »… Et l’on ne peut mettre ça sur le compte d’un mauvais nettoyage des tables! Quel exemple d’entretien du matériel! Billes nettoyées et tapis aspiré à chaque tour de jeu, et avec une efficacité remarquable!!!

J’allais alors conserver ces bonnes sensations jusqu’à la fin du tournoi. 🙂

En 1/4, j’ai pu me défaire d’un autre vietnamien, Ly The Vinh, sans être trop inquiété: 40-20 en 19.

La demi-finale s’annonçait bien plus délicate puisque j’allais rencontrer le numéro 1 mondial et homme en forme du moment (vainqueur des 2 dernières World Cups), mon ex-partenaire d’AGIPI et futur partenaire à La Baule, Frédéric Caudron.

Départ canon pour Fred qui s’envole littéralement et enchaine les positions avec la facilité que l’on lui connait. Avec un peu de réussite et profitant d’une toute petite baisse de régime de mon adversaire, je remonte au score pour passer de 18-33 à 38-33 en 3 reprises (séries de 5, 10 et 5). Score final 40-36 en 21!!!

Dix minutes plus tard, il faut alors enchainer avec la finale, qui constituera le 4ème match de la journée.

Je dois dire que la finale que j’ai jouée à la World Cup de Luxor en avril dernier m’a considérablement aidé à remporter celle que je m’apprêtais alors à jouer ici à New York face à Dick Jaspers, le tenant du titre. En effet, lorsque je me suis retrouvé en finale en avril, je m’en suis d’une certaine manière, et inconsciemment, contenté… Je sortais d’une période difficile et cela faisait quelques mois que je n’avais pas réalisé de grosse performance internationale. Et je suis un peu passé à côté de mon sujet. Cette fois, j’avais décidé de vraiment jouer ma finale, avec détermination mais également détachement, sans avoir la prétention de la gagner mais en la jouant à fond. Et même si Dick la gagnait, je n’aurais au moins rien me reprocher et n’aurais qu’à le féliciter pour sa victoire.

J’ai ainsi continué sur la lancée des matchs précédents, en déroulant mon jeu, avec une confiance et des sensations croissantes, tout en gardant jusqu’à la fin l’état d’esprit du début de la rencontre.

Malgré une série de 10 de Dick vers la fin, j’allais parvenir à réaliser ce 40ème point synonyme de première victoire internationale individuelle et laisser éclater ma joie.

Le point de la victoire:
Par Patrice Sail: https://www.facebook.com/patrice.sail/videos/vb.100002329798353/1089813224439660/?type=2&theater
Par 3cushionNews (extrait du live Kozoom): https://www.facebook.com/3CushionNews/videos/499541533589581/

Je m’étais souvent posé la question de la manière dont je réagirais le jour où je gagnerais un titre majeur; on se laisse même parfois allé à s’imaginer un scénario, ce que l’on va dire ou faire… Mais lorsque l’instant est là, je crois que c’est l’instinct qui parle, l’émotion qui prend le dessus sur la réflexion de l’action. Dans les toutes dernières reprises, j’avais Martin Horn face à moi, à une dizaine de mètres; il m’a involontairement donné la sérénité de conclure, me faisant penser à sa première victoire en World Cup en Turquie il y a quelques années. Merci Martin! 😉

Avec un peu de recul, je crois que ce tournoi était pour moi. C’était mon heure…

Et quelle joie d’avoir gagné pour la 1ère fois dans cet endroit, le Carom Café, temple américain du 3-bandes dans lequel il règne une ambiance si particulière: les bouliers pour compter les points en tendant à bout de bras la queue de billard, l’auto-arbitrage, le brouhaha général, l’aspirateur sur la table adjacente, etc. Sans oublier la traditionnelle photo de groupe, un moment très sympa!

Et puis, pour une première, New York…Ça le fait « New York » dans un palmarès! 😉

Par-dessus tout, ce qui est formidable c’est de sentir cette atmosphère de respect du jeu et des joueurs. On sent les vrais amoureux, les vrais passionnés de billard, avec toute l’énergie positive, la joie et l’enthousiasme qui se dégagent, notamment chez les organisateurs (Michael, Charles et leur équipe) qui communiquent leur plaisir d’être là tous ensemble. Merci à eux pour l’extraordinaire travail qu’ils fournissent et qui font de ce tournoi une référence mondiale.

Et merci à Joël, Philippe et sa famille, pour leur agréable compagnie et leur indéfectible soutien durant ce qui est maintenant pour moi une inoubliable semaine!

Il y a quand même eu un hic… La finale s’étant jouée un peu plus tard que prévue initialement, je n’ai pu prendre le vol du soir pour Paris et ainsi arriver à temps pour souhaiter un joyeux anniversaire à ma fille… Mais à voir son sourire à mon retour avec le trophée, je crois qu’elle ne m’en veut pas trop et que la victoire était finalement un assez beau cadeau pour ses 5 ans 🙂

Cérémonie de clôture:
Par 3cushionNews (extrait du live Kozoom): https://www.facebook.com/3CushionNews/videos/499548876922180/?hc_location=ufi

Crédits photos: Kozoom Korea, Jessica Sukyung Yeo, Patrice Sail.

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